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L'aventure d'une famille en pleine installation agricole
25 janvier 2016

Qui a peur du Grand méchant Loup, c'est pas nous, c'est pas nous...

A l'heure des manifestations Pro-loup et des divers reportages faits sur sa petite personne, je me suis dit qu'il était temps que nous vous exposions notre point de vue sur le sujet.

 

J'en ai déjà parlé via notre page FB (Bergerie de la Roya), mais je sais que tout le monde n'a pas accès à cette page. Je vais donc traiter du sujet ici également, désolée pour ceux qui liront donc en doublon. 

 

La bête déchaîne les passions, haine ou amour, c'est une guerre féroce (pour une fois, ce terme est bien à sa place) qui oppose la plupart du temps éleveurs, chasseurs et politiques aux écologistes. Les uns souhaitant son extermination pure et dure, les autres sa sauvegarde absolue. 

Pour nous, il n'y a pas de camp à choisir, ce camp nous l'avons choisi en prenant pour passion ce métier de berger et la vie qui va avec. Si nous savons profiter de la Nature pour nourrir nos bêtes, nous devons aussi savoir en accepter les règles du jeu: la prédation y est loi, les proies servent à nourrir les carnivores et nos brebis ont bien ce statut de proies. Il faut savoir accepter les avantages (de l'herbe à profusion, des paysages à couper le souffle, de l'air, de l'eau...) et les inconvénients (la foudre, les insectes ravageurs, les prédateurs, les petits cailloux...) que la Nature nous prodigue.  A nous de savoir vivre avec tout cela. Quand on parle tant du vivre ensemble entre Hommes, nous pourrions tout aussi bien l'appliquer au Vivre ensemble pour la Nature.

Certains diront, oui, mais vous dites ça car vous ne vivez pas avec la bête, ou bien vous n'avez subi aucunes pertes, ni le stress lié à une attaque. Je pourrai alors répondre que si… Nous avons perdu 16 bêtes à notre arrivée sur cette ferme, 14 chèvres: Javotte, Joy, Jonquille, Java, J'adore, Moka, Chocolat, Kaolin, Bartok, Jade, Lollypop, Firmin et 2 brebis: Ilia et Jactance… J'en ai perdu une encore lors d'une garde, Pimprenelle, elle faisait partie de nos toutes premières Thônes et Marthod, autant vous dire que sa perte me désole encore, sans parler de celles des chèvres et des brebis de Juin. 
Mais quelque part, nous avons repris cette ferme en toute connaissance de cause et surtout nous avons choisi ce métier qui nous confronte à la Nature. Si nous pouvons en profiter pour nourrir nos brebis, nous devons aussi en accepter les lois qui la régissent… 
Si éradiquer le loup semble pour certains la seule option, nous ne sommes pas de ce côté là… Comme nous ne sommes pas du côté de ceux voulant éradiquer les brebis des montagnes. Simplement, nous respectons la Nature et ce dans son entièreté…

Effectivement, notre profession subit actuellement une crise, bien qu'étant en vente directe, nous la ressentons moins, mais la Nature n'y est pour rien, pas plus que le Loup. Nous sommes dans une société en telle recherche de bouc emissaire, qu'il est arrivé à point nommé!!! J'ai lu récemment l'appel du Loup de Fabrice Nicolino (http://revuelimite.fr/pour-fabrice-nicolino-le-loup-est-lavenir-de-lhomme): "Mais je crois qu’il y a un droit supérieur qui doit s’exprimer dans ces circonstances-là, le droit de la vie, de ce qu’on appelle depuis une vingtaine d’années : la biodiversité." Nous nous devons de protéger cette biodiversité. 

En revanche, nous concevons que vivre avec suppose quelques aménagements, certains plus contraignants que d'autres… Nous avons, pour protéger le troupeau deux patous, Charlie et Fidèle. Si ces derniers sont de redoutables protecteurs de troupeaux contre le loup, ils peuvent aussi l'être avec les promeneurs… Leur gestion est parfois assez compliquée… Sans parler du coût… Il y en a qui diront, mais vous êtes aidés pour leur achat et leur entretien, à raison de 800 euros par an pour l'entretien, quand on essaie de donner le meilleur pour eux (les nôtres sont au BARF: alimentation à partir de viande crue), les 800 euros ne couvrent pas le prix de leur alimentation à l'année. 
Et c'est aussi deux Kangals qui nous rejoindront cette semaine pour une protection plus efficace. 
Le loup suppose aussi d'être présent en permanence avec son troupeau. C'est un choix de vie, mais je conçois que cela soit dur pour certains et que ce soit une charge conséquente de travail, je pense à ceux qui ont leurs foins à faire ou autre, c'est vrai que c'est toute une organisation à mettre en place, quand nous avons déjà un travail prenant. 

Et puis je pense à ceux aussi qui mettente tout en place et qui malgré ça subissent des attaques, y perdent parfois leurs chiens de protections (honnêtement, je vivrai très mal de perdre Charlie). 

Il n'y a malheureusement pas de solution miracle. Le loup est un animal extrêmement intelligent. Nous ne lui devons pas nos chiens pour rien. Mais je pense que quand on fait déjà tout pour éviter, on a la conscience tranquille et on peut se dire qu'on a essayé et qu'il va falloir encore réfléchir pour améliorer notre système. C'est certes une chaine sans fin, mais elle en vaut le coup!

Là où je veux également en venir, c'est que si nous avons des aides de l'Etat pour le loup (bien méconnues par le grand public qui nous targue souvent de profiteurs et de chasseurs de primes), nous avons aussi l'aide d'associations environnementales! Il est bien dommage que les éleveurs boudent cette aide parce qu'elle vient de FERUS (FERUS (Ours-Loup-Lynx Conservation)). Nous avons pu cet été profiter de Pastoraloup. Pastoraloup, c'est un programme mis en place par FERUS qui forme, certes sur un temps court, des bénévoles qui viennent alors en soutien aux éleveurs subissant des attaques de prédateurs. 3 bénévoles sont passés chez nous cet été: André, Justine et Manuel. Nous avons apprécié cette aide, gratuite, si ce n'est de prévoir gîte et couvert, de ces bénévoles. Etre à deux pour surveiller le troupeau cet été n'était pas de trop quand les brebis décidaient notamment que de former plein de petits lots était bien mieux que de rester grouper… ou bien refuser de rentrer en bergerie le soir… Ils ont été des yeux supplémentaires et une présence en plus qui nous a permis d'éviter les attaques durant tout l'été. 
Je suis FERUS depuis bien longtemps maintenant, car avant d'avoir été bergère, j'ai été écolo, mes études m'ayant conduit vers cette voie ainsi que mon amour inconditionnel des animaux quelqu'ils soient. Si je ne suis pas toujours d'accord avec eux, et notamment avec ce qui peut être véhiculé sur le monde de l'élevage, j'aime à voir qu'ils essaient de trouver des solutions pour que chacun s'y retrouve.

Nous remettons le couvert l'année prochaine, avec sans doute de nouveaux bénévoles Pastoraloup.

Si vous voulez en savoir plus sur le loup, l'ours ou le lynx, rendez vous sur http://www.ferus.fr/
Si vous voulez en savoir plus sur le programme Pastoraloup:http://www.ferus.fr/benevolat/pastoraloup

Prônons le Vivre ensemble, que ce soit entre nous ou entre nous et les animaux. Cela ferait de jolies résolutions pour 2016!!!! Et c'est une résolution que nous ne pouvons eviter, nous avons besoin de la Nature, dans tout ce qui la compose, nous ne sommes qu'un petit maillon de ces multitudes de chaînes qui la composent. 

 

 

 

 

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  • Petite histoire de notre installation agricole. De la recheche de notre exploitation à toutes les aventures, les épreuves et les rencontres qui l'ont accompagnées. J'y partagerai aussi mes humeurs.
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