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L'aventure d'une famille en pleine installation agricole
29 octobre 2013

Le commencement

Comment nous en sommes arrivés là? A ce choix de vie qui relève un peu de la folie à une époque où on parle plus des crises du monde paysan et des suicides de ces derniers que de réussite lors d'installation.

 

En fait, rien ne me prédestinait à devenir paysanne. Depuis ma plus tendre enfance et jusqu'en terminale où j'ai alors vu mes notes chutaient fortement, je voulais devenir vétérinaire. J'ai toujours aimé les animaux. Nous avons eu notre première jument Vierge-Noire, décédée aujourd'hui, quand j'avais 7 ans. Puis nous avons eu un chat, un chien, d'autres chevaux... Pour finir en véritable ménagerie!!!

La terminale fut l'année où je pris conscience que pour devenir véto il faut passer par une prépa et au vue de mes notes, j'étais plutôt mal barrée... Que faire?! La question que tout lycéen se pose à un moment ou un autre. Je n'en avais aucune idée... Finalement, je suis partie en médecine, deux ans sur Nancy, avec mes amis de lycée. Je n'ai bien évidemment pas réussi, pas assez motivée pour me priver de tout et réviser jusqu'à plus soif.

Je vous passerai la suite, mais on va dire que j'ai longtemps erré sur les bancs des facs avec même un passage par la Belgique.

J'ai finalement obtenu une licence en biologie des organismes et écosystèmes. Le nom fait peut être rêver, mais les débouchés derrière, beaucoup moins.

J'ai ensuite enchaîné avec une première année de Master sur Toulouse, la superbe ville rose. La fac ne me convenant pas et me sentant trop loin de mes chevaux, j'ai trouvé un centre hippique là bas, j'y ai trouvé un cheval aussi: Panam, toujours chez moi et c'est surtout là que j'ai pris conscience que pour que je me sente bien, il fallait que je travaille dans la nature, au contact des gens et surtout des animaux. J'ai délaissé les bancs de la fac après un premier semestre loupé (mais chut, mes parents ne le savent toujours pas!! ;-) ) et j'ai alors travaillé au club hippique pour payer la pension de mon cheval. J'y ai fait des rencontres qui ont marqué ma vie et des amis qui sont toujours présents depuis.

 

C'est donc à Toulouse, seule, que j'ai entamé mes premières démarches pour m'installer en tant qu'agricultrice. J'étais tombée sous le charme de cette région, j'avais déjà repéré que c'était une zone qui fourmillait d'AMAP (Association pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne: système de paniers où les adhérents paient par avance un panier rempli de produits issus de petits producteurs). Je me suis rendue à la chambre d'agriculture de Toulouse et me suis inscrite au Répertoire Départemental d'Installation qui transmet toutes les offres de fermes qui cherchent un repreneur ou bien un associé. Je rêvais de m'installer dans le Lauragais, région qui se situe à l'entrée de Toulouse quand on vient de Montpellier par l'autoroute.

 

Mais finalement, le mal du pays m'a gagné et je suis remontée en Meuse, accompagnée de mon cheval,  bien déterminée à m'installer en maraîchage et à fournir des AMAP.

 

C'est ainsi que j'ai intégré une nouvelle formation agricole. En effet, il faut savoir que pour s'installer et bénéficier des aides à l'installation en tant que Jeune Agriculteur, il faut être titulaire d'un diplôme agricole de niveau bac. Je me suis donc inscrite au CFPPA (Centre de Formation Professionnelle et de Promotion Agricole) de Bar le Duc, le plus proche de mon village. Là, du maraîchage, je me suis orientée vers un autre domaine, les vaches laitières. Pourquoi? Je ne m'en souviens plus moi-même. J'ai fait en parallèle, une formation sur l'élevage de chevaux, sachant que j'ai toujours rêvé d'ouvrir une pension pour chevaux, les chevaux seront toujours mon premier amour et je ne m'imaginais pas sans eux à cette époque.

C'est aussi lors de cette formation que j'ai rencontré les jeunes générations d'agriculteurs car nous étions un groupe très mixte. Des hors-cadres de tout âge dont je faisais partie, des fils d'agriculteurs qui avaient loupé leur bac pro et qui voulaient pouvoir bénéficier des aides, des "en partie installés" qui voulaient ce diplôme pour donner un second souffle à leur production... Jamais je n'aurai pensé à ce moment que la jeune génération serait la plus réfractaire à l'agriculture biologique!! Il fallait voir les débats animés que nous avions sur ce sujet.

Effectivement, en sortant d'un cursus biologique et surtout écologique, je n'envisage pas l'agriculture autrement que biologique. Mais pour beaucoup, c'est un mode de production réservé aux bobos, incapable de nourrir le monde. Pourtant, Pierre Rabhi, fondateur du mouvement Colibris (je vous invite fortement à aller jeter un coup d'oeil sur leur page: http://www.colibris-lemouvement.org/), a depuis prouvé le contraire. Il faudra encore beaucoup de temps pour faire évoluer les mentalités sur ce sujet, mais le monde paysan bouge, doucement mais sûrement. Peut être aussi parce que le bio, malgré la crise économique qui nous touche, est en constante augmentation dans les caddies des français.

 

Au cours de ce BPREA, j'ai fait de nombreuses rencontres dont bon nombre de mes amis agriculteurs. Cela m'a permis de rentrer vraiment dans ce monde que je ne connaissais que de l'extérieur. J'ai alors pu me rendre compte de leurs difficultés mais aussi de l'amour que beaucoup portent à leur métier. Et alors que cela aurait pu m'effrayer et me faire changer d'avis sur mes orientations professionnelles, et ce n'est pas faute d'avoir essayé, n'est ce pas Nico, j'ai senti que ma place était dans ce milieu.

 

Au final, je n'ai pas terminé mon BPREA, l'année n'a pas été suffisamment longue pour que tous les modules soient validés. Il ne me manque pas grand chose pour le finir, mais aujourd'hui, je ne souhaite plus m'installer avec les aides, mais je vous expliquerai pourquoi plus tard.

 

Suite à ce BPREA, je me suis apperçue que le système agricole de Meuse était très fortement réfractaire à ce type de production et plutôt que de m'encourager sur cette voie, on m'a plutôt découragé... Et puis ce n'est pas facile de mener un projet seule...

 

J'ai donc trouvé un travail en tant que pionne (surveillante) au sein du lycée agricole qui abritait le CFPPA où j'ai passé mon année.

C'est là que j'ai fait une rencontre qui allait boulverser ma vie... Philippe s'est donc joint à moi. Il a toujours vécu, comme moi, à la campagne mais contrairement à moi, il a baigné de près dans le milieu agricole puisque son papa était ouvrier agricole dans une exploitation laitière et céréalière. C'est donc à deux et plus déterminés que jamais que nous avons repris les démarches pour nous installer.

Nous nous sommes orientés vers une production qui nous permettait de faire de la vente directe et de valoriser nos produits du début à la fin. Les fromages nous tentaient bien. Il y avait autour de nous déjà beaucoup de producteurs de fromages de chèvre, il fallait donc trouver autre chose qui nous permettrait de nous démarquer. Nous avons alors opté pour le fromage de brebis. Un seul producteur était présent en Meuse, d'ailleurs la chambre d'agriculture de la Meuse n'était même pas au courant... C'est assez révélateur de l'intérêt qu'ils portent aux productions sortant des grandes lignes...

Nous nous sommes renseignés sur les races de brebis pouvant permettre la production fromagère, il fallait trouver des brebis laitières. Nous avons choisi la Thônes et Marthod, une race de brebis issue de la Savoie. C'est une race très rustique, nettement moins productive que les Lacaunes qui sont à l'origine du Roquefort. Mais nous voulions être en bio et en bio, il vaut mieux privilégier le côté rustique et ainsi limiter les frais vétérinaires au côté productif. C'est ainsi que nous sommes allés en Isère, en kangoo, chercher nos 6 premières brebis. Le voyage fut instructif car les éleveurs faisaient ce que nous voulions faire. Ils nous ont alors donné un conseil en nous disant qu'être seul dans le département à faire du fromage de brebis pouvait être bien car nous avions tout à y faire mais aussi que nous ne pourrions alors pas bénéficier des aides et conseils d'une filière déjà organisée.

 

Malheureusement, nous avons vite compris qu'en Meuse nous ne serions pas suivis ni par la Chambre d'Agriculture, ni par la SAFER, organisation responsable de l'attribution des terres agricoles mais souvent gérée par les plus gros paysans du département, tout comme la chambre. Un système perverti à sa base...

 

Ont alors débuté les premières démarches de recherche d'exploitations en dehors du département... Et ça, c'est une autre histoire!!!!!

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L'aventure d'une famille en pleine installation agricole
  • Petite histoire de notre installation agricole. De la recheche de notre exploitation à toutes les aventures, les épreuves et les rencontres qui l'ont accompagnées. J'y partagerai aussi mes humeurs.
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